Approche systémique et histoire de vie : accompagner l’humain avant tout
Suite à ma dernière publication sur l’approche systémique, une dame m’a posé une question :
« Pouvez-vous m’expliquer votre vision de la systémie et comment vous l’appliquez auprès des aînés? »
Et cette question m’a profondément touchée, parce qu’elle va au cœur de ce qui me passionne depuis tant d’années.
L’approche systémique, pour moi, ce n’est pas une simple théorie. C’est une façon d’être. Une posture humaine et professionnelle qui place la personne au centre de son vécu, en lien avec tout ce qui la compose : son histoire, son environnement, ses proches, ses valeurs, ses forces, ses repères.
Dans ma pratique, j’accorde une importance immense à un outil en apparence simple, mais d’une richesse inestimable : le recueil de l’histoire de vie. C’est un document que je développe toujours avec soin, en collaboration avec la personne et ses proches. Il me permet de découvrir des aspects fondamentaux de son identité : ses préférences alimentaires, ses habitudes de sommeil, les musiques qui la font vibrer, sa spiritualité, ses loisirs, son parcours scolaire et professionnel, les personnes significatives dans sa vie. Il m’offre une porte d’entrée vers ce qu’elle a de plus précieux : ce qu’elle a été, ce qu’elle est encore, même si ses capacités ont changé.
Mais au-delà des informations qu’il contient, ce document me permet surtout de créer un lien humain profond et respectueux. Il devient un repère, une boussole, un point d’ancrage dans les moments de vulnérabilité. Car lorsqu’une personne vit une désorganisation – qu’elle soit liée à un trouble cognitif, à une détresse émotionnelle ou à une crise de santé mentale – l’histoire de vie devient un outil essentiel pour désamorcer, apaiser, comprendre.
Je pense à un homme que j’ai accompagné dans l’une de mes unités. Il vivait avec un trouble cognitif important. Il ne me reconnaissait pas toujours, il pouvait être agité, en perte de repères. Mais moi, je savais qui il était. Je savais qu’il avait été ingénieur, qu’il avait beaucoup voyagé, qu’il avait une femme qu’il avait profondément aimée, deux enfants qu’il avait accompagnés dans la vie. Je savais qu’il aimait les avions, les cartes, les grands espaces. Et même si, à ce moment précis, ses souvenirs lui échappaient, moi je les portais pour lui. Je pouvais m’adresser à lui avec ce respect qui reconnaît l’humain au-delà de la maladie. Je pouvais adapter mon intervention, choisir mes mots, ajuster mon approche pour qu’il se sente vu, compris, considéré.
C’est ça, l’approche systémique. C’est refuser de réduire une personne à son diagnostic, à ses comportements, à ses pertes. C’est se rappeler que chaque être humain est un tout, enraciné dans un système qui le façonne et qu’il façonne à son tour. C’est prendre le temps de comprendre ce système, de l’écouter, de s’y adapter. C’est accompagner avec douceur, avec intelligence, avec authenticité.
Et c’est exactement ce que nous mettons en place au sein de Vitalité Aînés. Notre centre spécialisé, qui ouvrira ses portes en septembre 2025 à L’Assomption, repose sur cette vision profondément humaine de l’accompagnement. Chaque personne qui franchira nos portes sera accueillie dans sa globalité. Avec son histoire. Avec ses repères. Avec sa dignité intacte.
Merci à celles et ceux qui posent de belles questions comme celle-là. Elles me rappellent pourquoi je fais ce métier avec autant de cœur
Maude Parenteau
Fondatrice de Vitalité Aînés